Stéphane Arrami Genève 2021

Exigences pour l’amazighité en Tunisie

Tunisie Amazigh porte la voix des Amazighs de Tunisie dans le monde.
Notre mission est simple : faire reconnaître tamazight comme langue constitutionnelle, ouvrir les portes de l’édition amazighe, et libérer la mémoire d’un peuple que l’on a voulu effacer.

À travers Tunisie Amazigh, nous représentons nos communautés partout dans le monde.
Notre combat commence par deux exigences incontournables : l’entrée de tamazight dans la Constitution et l’édition ouverte de livres amazighs accessibles à tous.

Tunisie Amazigh est aujourd’hui le porte-voix international des Amazighs tunisiens.
Face au silence des institutions, nous portons deux revendications fondamentales :
– inscrire tamazight dans la Constitution,
– garantir l’édition et la diffusion d’ouvrages amazighs.

C’est le premier pas vers une Tunisie fidèle à son histoire et ouverte à son avenir.

Tamazight, socle identitaire et historique

La Tunisie doit reconnaître la co-officialité de tamazight.
Pas seulement comme une langue parmi d’autres, mais comme le socle de son histoire.
Aux côtés de la chelha, de la tachaouit et de la derja tunisienne, tamazight doit être inscrite dans la Constitution.

Ignorer cette évidence, c’est continuer à bâtir la nation sur un mensonge identitaire.


Un déficit médiatique intolérable

Aujourd’hui, aucun média tunisien n’assume le berbère.
Pas de journaux. Pas de radios. Pas de télévision. Rien.
Une absence qui ne relève pas d’un hasard, mais d’un choix politique.

Et pourtant, la Tunisie est la terre de Vibia Perpetua, Sophonisbe, Syphax, Massinissa, Jugurtha.
Faut-il rappeler que ces noms appartiennent à l’Histoire universelle, et non aux marges ?


Réhabiliter culture et mémoire

Il est temps de remplir nos bibliothèques d’ouvrages en tamazight.
Nos centres culturels doivent cesser d’être des vitrines vides de leur propre mémoire.

Une Tunisie libre ne pourra exister qu’en rompant avec l’idéologie arabo-islamique imposée comme unique horizon culturel.


Pour une Académie berbère tunisienne

Nous avons besoin d’une Académie berbère nationale.
Un lieu où la mémoire est collectée, transmise, enseignée.
Un lieu qui replante les racines que l’on a voulu arracher.

Chaque université tunisienne doit ouvrir des chaires d’enseignement amazigh.


Enseigner dès l’enfance

Tamazight doit être apprise dès le primaire.
Dans chaque ville. Dans chaque école.
Les Tunisiens ne sont pas des Arabes.
Les assimiler de force est une violence historique et identitaire.


Des professeurs, pas des imams

La Tunisie n’a pas besoin d’imams arabisants envoyés en mission.
Elle a besoin de professeurs formés aux langues et patrimoines tunisiens.
Former, transmettre, construire : voilà la mission d’un État moderne.


Tifinagh, écriture de l’avenir

En Libye, au Maroc, au pays touareg, les tifinaghs sont déjà enseignées.
Cette graphie amazighe, ancestrale et moderne, doit devenir la signalétique de demain.
Une écriture transfrontalière pour une Afrique du Nord réconciliée avec elle-même.


Premier combat : Constitution et édition ouverte

Le premier pas est clair.
Tamazight doit entrer dans la Constitution.
Pas demain. Pas plus tard. Maintenant.

Sans ce socle, aucun discours sur la diversité ou la mémoire n’a de sens.

Deuxième exigence : ouvrir l’édition.
Nous voulons des livres en tamazight. Des ouvrages sur l’histoire et la civilisation amazighes.
Disponibles dans chaque bibliothèque. Accessibles dans chaque centre culturel.

C’est le prérequis vital.
Le combat prioritaire.
Sans Constitution et sans édition, l’amazighité en Tunisie restera un slogan creux.


Une langue nationale et fédérale

La Tunisie doit proclamer tamazight langue vivante, nationale et fédérale.
Une langue commune avec les autres nations de Tamazgha, les États-Unis d’Afrique du Nord en devenir.

Car une nation sans mémoire n’est qu’une fiction.
Et un peuple sans sa langue est un peuple condamné.


✍️ Stéphane Arrami – Genève, le 1er août 2016


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